« Je me sens enfin moi-même grâce à mes tatouages »
Dresseuse d’éléphants à ses heures, la belle Nova aux origines brésiliennes vit en Suisse dans le Canton de Berne. Quand elle ne participe pas à des shootings sur les plages paradisiaques de Thaïlande ou d’ailleurs, Nova se consacre à son métier d’infirmière, à la danse, aux voyages… ou passe sous les aiguilles expertes de Filip Leu et Sailor Bit !
Propos recueillis par Miss Marvel, Photos @KrisKros, Dimitri Detvoc
Nova découvre les tatouages très jeune. Elle n’a que 12 ans lorsqu’elle voit les tatouages de sa professeure de mathématiques qui lui donne des cours de soutien au domicile de ses parents à Bienne, en Suisse, où elle vit depuis sa plus tendre enfance. Elle trouve très belle et élégante cette femme aux bras tatoués et l’idée d’être tatouée à son tour un jour commence à germer dans son esprit. À 14 ans, quand une de ses amies se fait piquer une rose sur l’épaule, cela devient une certitude : malgré la désapprobation maternelle, Nova aura des tatouages apparents : « Dans ma famille, les tatouages étaient un sujet tabou. Ma mère qui est Brésilienne, de Rio de Janeiro, disait toujours que seuls les gangsters avaient des tatouages. Elle était farouchement opposée à ce que sa petite fille en porte un jour… Mais après avoir vu cette rose sur l’épaule de mon amie, je savais que dès que je le pourrais, je me ferais tatouer aussi. » Et un an plus tard, au Brésil, lors d’un voyage chez sa grand-mère maternelle, Nova saute le pas et se fait encrer pour la première fois alors qu’elle n’a que 15 ans à peine : « J’ai choisi une croix avec l’inscription «Deus é Fiel», ce qui signifie «Dieu est fidèle» en portugais. Après ce premier tatouage je savais ce que j’allais ajouter par la suite. La rose sur mon épaule comme celle de mon amie, et le portrait de mon frère, qui nous a quitté en 2016. »
Le tatouage comme un art
Lorsqu’on lui demande pourquoi elle aime tant le tatouage, la réponse est simple : pour elle le tatouage est un art qui véhicule un souvenir, commémore et inspire : « J’adore les tatouages car ils sont pour moi une forme d’art parmi les plus pures. Ils permettent de se remémorer de beaux moments, comme une peinture qui reste pour toujours, ce qui les rend encore plus précieux. Quand j’ai fait tatouer le portrait de mon frère, on m’a souvent demandé si cela ne me rendrait pas triste en me rappelant sans cesse sa disparition. Je répondais toujours qu’au contraire cela me donnait de la force et m’encouragerait plutôt à continuer, me rappelant tous les beaux moments qu’on a partagés. Il serait toujours ainsi avec moi, vivant toutes mes expériences, peu importe où il est maintenant. Et jusqu’à aujourd’hui, je ne regrette pas mes tatouages, bien au contraire, je suis heureuse de les avoir. Ils sont très importants pour moi et représentent une partie de moi qui sera toujours là. Je pense que la vie est impossible sans l’art, car il permet de vivre ses émotions, ses idées et sa créativité, autant pour celui qui le réalise que pour celui qui le porte. »
Le choix artistique
Après le portrait de son frère en 2016, Nova, qui a alors fait quelques recherches sur les tatouages et leur symbolique, commence à s’intéresser au style japonais et se rend chez Infamous Ink à Bienne auprès de Vincent Lefevre. Cette rencontre et ce premier tatouage, un Hannya sur la cuisse, va marquer le début d’une collaboration entre la belle Nova et l’artiste. Malgré son aspect masculin, le visage de Hannya est à l’origine celui d’une femme, qui, rendue folle de désespoir par la jalousie et la colère, finit par se transformer en démon vengeur qui hante le monde des humains. En tatouage, un masque de Hannya peut-être à la fois une façon d’exprimer la violence de ses émotions tout comme un talisman qui protège celui ou celle qui le porte. Un symbole fort qui résonne avec l’histoire personnelle de Nova : « J’ai été tellement satisfaite de son travail que j’ai fait tous mes tatouages suivants chez lui. Il est très important pour moi de me faire tatouer par quelqu’un qui pense également à l’avenir lorsqu’il crée un projet, qui s’intéresse à l’évolution du tatouage dans le temps sur la peau et sur le corps. » Nova aime laisser à son tatoueur la liberté de s’exprimer sur sa peau, encourageant les propositions artistiques : « Si j’ai une idée de départ pour mes tatouages, comme un motif, je laisse à l’artiste le choix de s’exprimer librement sur le sujet, il est important pour moi qu’il prenne plaisir à préparer le projet pour s’investir pleinement dans sa réalisation. » Et la formule fonctionne très bien entre les deux qui deviennent amis, et un beau jour où Nova parle d’un grand dragon au style assez particulier pour orner tout son dos, Vincent Lefevre se dit que la personne la plus adaptée pour réaliser ce grand projet serait le grand Filip Leu lui-même. Célèbre dans le monde entier pour sa pratique du tatouage japonais qu’il a su réinterpréter et faire connaître depuis ses débuts à la fin des années 70, le suisse Filip Leu est également un maître incontesté des dragons japonais qu’il étudie et représente, en peinture comme en tatouage, dans un style reconnaissable entre mille.
La collab’
Vincent Lefevre emmène alors Nova dans le studio de Filip Leu, le Leu Family Iron Studio dans la commune de Bullet en Suisse, pour faire les présentations et discuter de ce grand dragon dans un projet de réalisation à quatre mains entre Filip Leu et Sailor Bit, autre grand nom suisse du tatouage japonais installé au Leu Family Iron studio depuis quelques années. « Nous sommes allés à leur studio de tatouage, et j’ai vu le travail de Sailor Bit et Filip Leu. J’étais fascinée, mais à ce moment-là je ne me suis pas crue capable de supporter un tatouage à quatre mains avec autant d’aiguilles simultanément sur mon corps et j’ai préféré oublier ce projet. » Un an plus tard, Vincent Lefevre, persuadé que Nova est assez forte et courageuse pour encaisser un tatouage à 4 mains, retourne voir Filip Leu et Sailor Bit pour leur reparler de ce grand dragon. Les deux artistes trouvent le sujet très intéressant et préparent un projet pour le soumettre à Nova qui l’accepte avec plaisir : « Lorsque je suis arrivée au studio, j’ai été accueillie très chaleureusement. Ils m’ont expliqué combien de temps cela prendrait et comment nous allions procéder. Nous avons réservé cinq séances de deux heures, avec pour objectif de présenter le travail à une convention de tatouage. Et nous avons réussi. L’atmosphère était parfaite et tout le monde était très amical, y compris Titine Leu, la femme de Filip, qui est très empathique, aimable et créative. Je me suis toujours sentie très à l’aise et j’ai vraiment apprécié l’expérience. Mon souhait s’est réalisé, bien au-delà de mes attentes, recouvrant mon dos et l’arrière de mes jambes, et je sais que c’est quelque chose d’unique qui sera toujours beau. Ils travaillent de manière à ce que chaque détail reste précis même après des années. Je leur suis très reconnaissante. »
L’affirmation
Depuis cette expérience, Nova se sent complète, comme si ce tatouage était une affirmation de sa force et de sa personnalité : « Je me sens enfin moi-même grâce à mes tatouages, comme complétée d’une chose qui me manquait pour exprimer qui je suis, avec ma sensibilité et ma créativité. Cela a également changé ma façon d’aborder les conversations, notamment en vacances avec des personnes qui n’osent pas franchir le pas et qui souhaitent en savoir plus sur le monde des tatouages. Beaucoup de gens trouvent cela inspirant et très beau. » Une confiance et une force nouvelles que Nova a souhaité immortaliser lors de ce shooting avec l’éléphant juste après la cicatrisation de son dos et de ses jambes. Depuis ce travail réalisé sur elle, Nova sait qu’elle continuera de se faire tatouer par ses artistes préférés, Vincent Lefevre, Filip Leu et Sailor Bit. Ils ont su cerner sa personnalité et interpréter ses rêves de tatouage en dessin et sur sa peau. Dans ses projets futurs il y a ses bras qu’elle va confier bientôt à son ami Vincent Lefevre. Le rendez-vous est déjà pris. L’encre n’a pas encore fini de couler sur Nova…
Instagram : @nova_wife_