On n’oublie jamais sa première fois !
Entre Marie-Andrée et le tatouage, c’est une histoire qui dure depuis toujours… La petite fille de la province de Québec qui dessinait au feutre sur son corps devient une adolescente qui s’imagine couverte d’encre à l’instar des modèles photo des magazines qu’elle collectionne alors. C’est décidé : un jour, elle sera tatouée… et tatoueuse ! Au fur et à mesure que les comme dans un rêve… pièces d’encre progressent sur sa peau, Marie gagne en assurance, en féminité… et se réalise au fil des années en tant qu’artiste et modèle, publiée dans la presse tattoo internationale et aujourd’hui en couverture de Tatouage Magazine. Comme quoi, au Québec, on a de la suite dans les idées…
Textes : Miss Marvel – Photos : Hugo V, Fabou.
Le premier tattoo que j’ai vu, c’était une panthère noire old school sur l’avant-bras d’un ami de mes parents. J’étais super impressionnée, je trouvais ça original et beau…
Marie-Andrée
Aussi loin qu’elle se souvienne, Marie-Andrée a toujours été interpellée par le tatouage avant même d’en découvrir l’existence : « Le premier tattoo que j’ai vu, c’était une panthère noire old school sur l’avant-bras d’un ami de mes parents. J’étais super impressionnée, je trouvais ça original et beau… mais, même avant cela, à 4 ans, j’avais déjà une passion pour le dessin, la couleur. Je dessinais partout, souvent sur mes mains, mes jambes… et je trouvais ça très beau, au grand désespoir de ma grand-mère qui me gardait alors. Elle me disait que j’allais me faire gronder par mes parents, que c’était laid… mais ça ne m’arrêtait pas. » Malgré ces débuts artistiques quelque peu réprimés, la grand- mère de Marie-Andrée, depuis décédée, sera par la suite d’un soutien indéfectible quant à la carrière de tatoueuse de sa petite-fille, devenant même pour elle, un modèle de résilience et d’acceptation.
Ma mère m’avait même abonnée à Tattoo Magazine, et j’ai conservé le tout premier numéro en souvenir. Je regardais les filles sur les couvertures de magazines et je les trouvais sublimes avec leur dos complet tatoué. Ça peut paraitre banal aujourd’hui, mais dans les années 90 c’était très rare et très marginal.
Marie-Andrée
Premières envies
À l’adolescence, Marie s’achète son premier magazine de tatouage, fascinée par les photos et tous les différents styles de tattoos qu’elle peut y découvrir : « Ma mère m’avait même abonnée à Tattoo Magazine, et j’ai conservé le tout premier numéro en souvenir. Je regardais les filles sur les couvertures de magazines et je les trouvais sublimes avec leur dos complet tatoué. Ça peut paraitre banal aujourd’hui, mais dans les années 90 c’était très rare et très marginal. J’étais complètement séduite par cet art. » Son premier tatouage, c’est une grenouille en noir et gris sur le haut de son bras droit qu’elle se fait piquer à tout juste 16 ans. Marie a l’autorisation de sa mère qui finance même ce tattoo tant désiré, un flash choisi sur un mur de dessins dans un street- shop. Une pièce après l’autre, les tattoos vont s’enchaîner au fil des années : « Je voulais déjà de grands tatouages, mais je n’ai jamais prévu d’en avoir autant. Ça c’est fait graduellement, sans trop réfléchir. Je savais aussi que je voulais devenir tatoueuse, mais c’était très compliqué de trouver un apprentissage à l’époque : pas d’internet, pas de studios partout comme aujourd’hui… Et je suis tombée enceinte de mon premier enfant à 18 ans, alors j’ai mis de côté mon rêve de devenir tatoueuse en attendant le bon moment… »
J’ai eu un studio de tatouage qui avait pignon sur rue, à Victoriaville. Un grand studio avec un coin piercing et bijoux aussi…
Marie-Andrée
Premier boulot
Le bon moment arrivera quelques années plus tard… Un tatoueur accepte de la prendre sous son aile et de lui enseigner les rudiments du tatouage. Marie a alors 23 ans et passera quelques temps à acquérir les techniques de pique et à apprendre le métier avant de se décider à voler de ses propres ailes : « J’ai eu un studio de tatouage qui avait pignon sur rue, à Victoriaville. Un grand studio avec un coin piercing et bijoux aussi… Mais, au bout de 8 ans, j’avais envie d’un lieu plus intimiste et j’ai ouvert un studio privé à domicile. J’avais besoin de calme et de bien gérer mon énergie. C’est une décision que je ne regrette aucunement et j’adore ma façon de travailler maintenant. » Un environnement propice à l’échange avec sa clientèle pendant les sessions, où Marie aime découvrir la vie de ceux qui lui confient leur peau et leur histoire : « Le tatouage m’a fait connaitre des gens extraordinaires que je n’aurais jamais connu autrement. J’ai vraiment de super clients. Écouter leurs histoires m’a permis aussi d’apprendre à mieux exprimer mes propres envies et besoins, devenir une meilleure version de moi-même, moins introvertie et plus confiante. »
Pour ma jambe droite en cartoon full couleurs je suis allée voir Olivier Julliand de chez Glamort.
Marie-Andrée
Premières inspirations
Quand Marie commence à se faire encrer de grandes pièces, il n’y a pas une aussi grande variété de styles graphiques qu’aujourd’hui, mais elle est pourtant attirée par différents styles de tattoos et choisit les artistes qui la piquent en fonction de leur univers : lettrage, réalisme, cartoon ou noir et gris. « Pour ma jambe droite en cartoon full couleurs je suis allée voir Olivier Julliand de chez Glamort. Ma cuisse réaliste c’est Nathalie Duquette. Mon papillon sur la main c’est Emyli Lachapelle, mon lettrage sur l’autre main c’est Kwun… Nathalie Duquette de Sherbrooke m’a beaucoup inspirée. Elle travaille le réalisme dans son studio, le Nephtys Tattoo. Étant une femme dans un milieu qui était très masculin et Rock’n roll à l’époque du début des années 90, je trouvais que c’était un beau modèle de femme d’affaire forte et incroyablement talentueuse. » Ses pièces sont souvent inspirées par ses expériences de vie, celles qui l’ont fait grandir et s’épanouir en tant que femme, ou celles, plus dures, qui l’ont rendue plus forte. Une inspiration qui gagne en sens et en profondeur à mesure que les années passent.
Premières photos
À 30 ans, Marie a envie d’un nouveau défi : après avoir traversé une période très difficile, son estime de soi est au plus bas. C’est à ce moment que l’envie lui vient de poser pour des photos, une façon de reprendre confiance en elle en exposant son corps tatoué, en affichant sa féminité comme les filles sur les magazines qui la faisaient rêver à l’adolescence : « J’ai contacté les magazines que je connaissais, je voulais m’y voir et je rêvais d’être en couverture. On m’a souvent dit non, mais je ne me suis jamais découragée, j’ai persévéré. Au final ça bien fonctionné pour moi car j’en ai fait plusieurs aux cours des 10 dernières années. Maintenant je parais dans Tatouage Magazine, c’est une consécration ! ». Une démarche qui va à l’encontre de sa discrétion naturelle mais qui lui permet de s’affirmer, se trouver belle et bien dans sa peau : « Je ne me fais pas tatouer pour me démarquer. Je fais tout ça pour moi, pour me dépasser, assumer mes passions et mes goûts malgré le regard et le jugement des autres. Me voir dans un magazine me rend super heureuse et faire un métier artistique que j’aime, créer au quotidien… j’ai vraiment l’impression de m’accomplir un peu plus chaque jour qui passe. »
Insta : @marie_a_baril
Contact : marie_a_baril@ outlook.com