Le tatouage au service du vintage
C’est l’art sous toutes ses formes qui anime la vie d’Alvina. À 27 ans, elle jongle habilement entre le chant, la photographie et la comédie. Passionnée de burlesque et de vintage, elle met son amour du rétro au service de la photo et de la comédie musicale. Rencontre avec une jeune artiste dont les tatouages conditionnent un style à la fois rock et burlesque.
Texte : Obeyingthemoon – Photos : Jean-Baptiste Caysac @hampop.jb
La carrière artistique d’Alvina commence à 17 ans quand elle entre en école de Jazz. Elle poursuit son chemin en entrant à l’école de comédie musicale d’Aix-en-Provence puis de Paris : « Je chante toujours aujourd’hui bien que la pandémie a mis les choses en pause. La comédie musicale, c’est l’évidence qui combine mes trois passions : le théâtre, le chant et la danse. » Ce qu’elle aime par-dessus tout, c’est la sensualité du burlesque et de l’effeuillage : « Je trouve le burlesque joli et sensuel. J’adore l’ambiance qui gravite autour de ce milieu. » On peut dire que ce courant la définit à merveille. Elle rêve de monter un numéro d’effeuillage et imagine ses prochaines scènes inspirées des images de pin-ups : « Ce que j’aime dans ce courant c’est qu’il correspond à tous les corps, à toutes les femmes ».
Ce que j’aime dans ce courant c’est qu’il correspond à tous les corps, à toutes les femmes.
Alvina
Pour l’amour du burlesque et de la photographie
Alvina ne s’arrête pas là puisqu’elle s’essaye à la photographie depuis quelques mois. La pandémie donne le temps aux passionnées de développer de nouveaux talents : « Je n’avais jamais eu l’occasion d’approfondir le sujet mais c’est mon amoureux vidéaste et photographe qui m’a donné le courage de me lancer. » Depuis, on ne l’arrête plus. C’est l’immensité des possibilités de cet art qui la fascine : « La capacité à transmettre des émotions et une histoire à travers un cliché, c’est tout ce qui fait la magie de la photographie. » Quand on écoute Alvina, c’est le terme «vintage» qui revient le plus souvent. C’est ce qu’elle transmet aussi dans ses photographies : « Depuis que je suis toute petite, je suis fascinée par le rétro. Pour moi la plus belle période c’est celles des années 70, les années David Bowie dans toute sa grandeur. »
La capacité à transmettre des émotions et une histoire à travers un cliché, c’est tout ce qui fait la magie de la photographie.
Alvina
Les tatouages d’Alvina
Alvina dénote par ses shootings rétro et ses inspirations burlesques. Ses tatouages non plus, ne laissent pas de marbre. Le tout premier, elle le fait sur un coup de tête : « Je ne sais pas d’où m’est venu l’idée mais j’ai commencé à gribouiller des initiales au stylo sur ma peau. J’ai trouvé ça joli alors je me suis lancée et j’ai fait inscrire à l’encre, les initiales de mes parents sur chaque poignet, j’avais 17 ans à l’époque. » C’est le début d’une longue période de séances de tatouages. Peu de temps après, elle tombe en admiration devant une manchette d’un de ses amis, réalisé par Romain Labordille (@romain_labordille) à Aix-en-Provence : « J’ai contacté le même tatoueur. J’avais un projet de roses sur l’épaule accompagné d’une tête de mort, ça lui a plu et on s’est lancé. Mon bras a commencé comme ça. »
Au fur et à mesure, la jeune tatouée complète ce premier tatouage par d’autres pièces. Au début elle n’avait pas envisagé de réaliser un bras entier : « Avec Romain on a ajouté toutes les choses que je voulais raconter au fur et à mesure de ma vie. En intermittence il a également tatoué le portrait de Bowie sur ma cuisse car ça me tenait vraiment à cœur. » Tous les tatouages d’Alvina ont été réalisés sur un temps assez restreint. Si elle ne cherche pas à tout prix une signification dans ses dessins, certains ne sont pas là uniquement pour l’esthétique : « La poupée russe tatouée par Peggy Sue (@peggysue_tattoos) représente ma mère par exemple ». En parallèle de son bras, elle se fait tatouer un hommage à Led Zeppelin et ajoute des petites pièces à droite et à gauche sur son corps. Elle inscrit son histoire sur sa peau en condensé, selon les moments qu’elle traverse : « Mes tatouages, c’est aussi mes coups de tête. Dans un bar d’Aix-en-Provence où j’étais allée noyer mon chagrin après avoir été recalée du conservatoire de théâtre, j’ai gagné un tatouage. C’était à l’occasion d’une soirée flash, il y avait plein de petits dessins proposés. J’ai choisi la caméra super 8 en l’honneur de mon amour du vintage et pour transformer cette mauvaise journée en souvenir positif ! » Depuis elle a mis le tatouage en pause pour prendre le temps de consolider ses projets : « Je ne suis passée sous aucune aiguille depuis 4 ans. Mais cette fois-ci il est temps d’inverser la tendance. J’ai pour projet de me faire tatouer un underboobs par Louve (@louve.tattooist) ».
Mes tatouages, c’est aussi mes coups de tête. Dans un bar d’Aix-en-Provence où j’étais allée noyer mon chagrin après avoir été recalée du conservatoire de théâtre, j’ai gagné un tatouage. C’était à l’occasion d’une soirée flash, il y avait plein de petits dessins proposés. J’ai choisi la caméra super 8 en l’honneur de mon amour du vintage et pour transformer cette mauvaise journée en souvenir positif !
Alvina
La nostalgie à travers l’encre
Quand on lui pose la question des regrets, elle nous avoue n’en avoir aucun concernant ses tatouages : « Je trouve que c’est un acte fort et puissant qui trouve tout son intérêt dans le côté irréversible ». Elle aime le fait de pouvoir se rappeler une période et son état d’esprit en regardant sa peau : « Chacun de mes tatouages est associé à une ambiance, du coup je suis toujours prise d’une certaine nostalgie en les contemplant. Mais ce n’est pas une mauvaise sensation. » Il lui arrive parfois de trouver une signification dans ses œuvres après leur réalisation. C’est quelque chose qu’elle assume pleinement : « Je n’avais pas forcément d’idées pour combler l’arrière de mon bras au début.
Romain m’a montré le dessin d’un cœur et deux crânes, qui se regardent et il l’a encré. C’est plus tard que je me suis
rendu compte qu’il représentait ma vision de l’amour : sceller un ensemble malgré ses différences. J’aime bien me dire que mon inconscient choisi mes tatouages. »
Chacun de mes tatouages est associé à une ambiance, du coup je suis toujours prise d’une certaine nostalgie en les contemplant. Mais ce n’est pas une mauvaise sensation
Alvina
Parfois ce sont ses rêves qui choisissent pour elle : « Juste avant de me faire piquer l’hommage à Bowie sur ma cuisse, j’ai rêvé qu’autour du cadre il y avait plein de papillons qui volaient. J’en ai parlé à Romain et on a décidé d’intégrer cet élément au tatouage. » L’art du tatouage pour elle s’inscrit dans la droite lignée des autres arts qu’elle pratique : « C’est une façon de sublimer. Ici c’est un corps qu’on peint comme sur une toile blanche. Il sert à raconter un évènement ou à rendre hommage. » Alvina s’habille de tatouages pour se magnifier, pour se rendre unique. Elle aime dire qu’ils la rendent spéciale. Elle déplore que ses tatouages, qu’elle affectionne tant, soient parfois un frein dans le monde du cinéma et du théâtre : « Dans la plupart des rôles, je suis souvent condamnée au cliché. » Tantôt gardienne de prison ou sorcière, elle n’est jamais engagée pour des rôles classiques : « Ça ne montre qu’une chose : le tatouage n’est pas encore si banalisé qu’il n’y parait, les gens nous mettent dans des cases dès qu’on est un peu à la marge. »
Pour la suite de ses aventures, elle n’envisage pas de finir tatouée de la tête aux pieds mais laisse la porte ouverte à son imagination : « Si dans 10 ans j’ai des tatouages partout, c’est que j’étais très bavarde et que j’ai choisi mon corps pour l’exprimer et ça me va ! »
Suivez Alvina sur Instagram : @alvinoushka