Maurice brière

Maurice brière

L’amour de la Thaïlande et du Sak Yant

Champion de Muay Thaï, entraineur de boxe, gérant d’immeubles, modèle photo et voyageur : c’est l’histoire de l’incroyable parcours de vie de Maurice Brière. À 57 ans, ce boxeur toulousain est tatoué sur la majorité du corps. Il arbore des pièces puissantes et spirituelles, piquées par des moines thaïlandais selon la pratique du Sak Yant.

Texte : Obeyingthemoon Photos : Gabbie Burns @gabbieburnsofficiel

Tantôt boulanger, ouvrier et charpentier, parfois couvreur, vendeur et gérant d’immeubles, on peut dire que Maurice a eu plusieurs vies. Parisien d’origine, il vit aujourd’hui à Toulouse et s’adonne pleinement à sa passion : le Muay Thaï : « C’est une pratique martiale ancestrale plus connue sous le nom de boxe thaï. C’est également le sport national thaïlandais. » Après avoir été champion de France et d’Europe, il arrête les combats pour se concentrer sur sa fille, qu’il élève seul. Pas question pour autant d’oublier le Muay Thaï, il devient entraineur et monte son association : « J’ai décidé de l’appeler Nakithai fighting, en hommage au surnom que m’ont donné les thaïlandais : Naki. ». Aujourd’hui, il en est le président et l’entraineur. Pour l’amour de ce sport, il voyage régulièrement entre la France et la Thaïlande.

La découverte de la Thaïlande et du Sak Yant

« En Thaïlande, certains moines pratiquent le Sak Yant, un rituel de tatouage qui apporte sécurité et protection aux boxeurs qui combattent » Le mot passion est faible pour décrire la relation que Maurice entretien avec la Thaïlande. Il la découvre pour la première fois à 24 ans : « Mon père était catcheur professionnel et j’évoluais beaucoup dans le milieu des arts martiaux. Je côtoyais Roger Paschy, une grande star du karaté à l’époque. Un jour il est venu me voir avec un de ses amis thaïlandais. C’est lui qui m’a fait découvrir le Muay Thaï. » Il part alors en Thaïlande pour trois mois : une découverte qui changera définitivement sa vie. C’est lors de ce premier voyage que Maurice rencontre certains des moines thaïlandais qui le tatoueront plus tard. Il découvre les tatouages protecteurs que portent les boxeurs thaïlandais, un style de tatouage traditionnel piqué à l’aide d’un bambou : « En Thaïlande certains moines pratiquent le Sak Yant, un rituel de tatouage qui apporte sécurité et protection aux boxeurs pendant leurs combats. »

Texte : Obeyingthemoon – Photos : Gabbie Burns @gabbieburnsofficiel

Les Sak Yant repoussent les dangers et les mauvais présages, ce sont des protections considérées comme magiques qui accordent des pouvoirs mystiques protecteurs et de bonne fortune. »

Maurice Brière

Au fur et à mesure de ses voyages, son amour pour le Muay Thaï le pousse à s’intéresser de plus près au Sak Yant. Maurice apprend à connaître des moines qui tatouent et commence à se faire piquer. C’est le début d’une longue série de tatouages magiques qui l’accompagneront dans tous ses combats : « Les Sak Yant repoussent les dangers et les mauvais présages, ce sont des protections considérées comme magiques qui accordent des pouvoirs mystiques protecteurs et de bonne fortune. » Un long processus spirituel commence et il marquera sa vie : « Quand tu boxes en Thaïlande, les moines te protègent et te piquent les huit protections du boxeur. » Parmi les huit protections citées par Maurice, on trouve le symbole du lion, de la tortue, de l’éléphant ou encore de l’Hanuman, la divinité symbole du courage. Ces emblèmes servent de guide au sportif dans ses combats.

Dans la pratique du Sak Yant on retrouve également les 5 lignes, que Maurice a fait graver dans sa peau. Ces lignes représentent dans l’ordre : la protection du domicile ; la protection contre le mauvais sort ; la protection contre la malédiction ; le succès et la réussite ; le pouvoir d’attraction. « Ces cinq lignes demandent un engagement fort, il faut en respecter l’esprit et la signification, ce n’est pas du tout à prendre à la légère ». Au commencement, Maurice s’est fait tatouer par des moines thaïlandais très connus. Il ne préfère pas révéler leurs noms pour éviter de favoriser l’intérêt touristique croissant pour cette pratique ancestrale. Il a commencé par le crâne puis la gorge : « Au début, le moine grave son monastère sur le crâne, puis il tatoue la gorge. Ce sont les premières étapes : Il inscrit la marque de son temple. »

« C’est la lutte dans la vie qui se termine par l’harmonie finalement retrouvée. Cela représente parfaitement mon histoire. »

Maurice Brière

Aujourd’hui c’est un moine de Bangkok qui lui a été présenté par un ami boxeur qui est devenu son unique tatoueur. Maintenant qu’il est piqué des protections du boxeur, Maurice laisse le moine écrire librement sur sa peau. Ce sont des prières et des dessins choisis spécialement en fonction de la personnalité de Maurice : « Je ne vais pas le voir avec un modèle de tatouage, ça ne se passe pas comme ça. Au contraire, il m’explique ce qu’il va faire, ce qu’il a choisi en fonction de qui je suis et je le laisse me piquer. » Le corps de Maurice est devenu un véritable hommage à cette pratique, puisqu’il arbore ces mantras sur la totalité de son corps.

Texte : Obeyingthemoon – Photos : Gabbie Burns @gabbieburnsofficiel

Une vision spirituelle du tatouage

« Chacun de mes voyages s’accompagne de plusieurs séances de tatouage. C’est toujours un moment magique. Se faire tatouer dans un monastère est une expérience tout simplement fabuleuse. » La traduction littérale du Sak Yant signifie « tatouer » et « prière sacrée ». Ce qui passionne Maurice dans cette pratique c’est la dimension spirituelle qui l’entoure : « Tu ne payes pas les moines avec de l’argent mais tu leur donne des offrandes : de l’encens, des fleurs ou des cigarettes. Il commence ensuite sa cérémonie. Chaque fois qu’il s’apprête à me piquer, il récite des mantras. Après chaque tatouage, il dépose des feuilles d’or sur la peau tatouée. » Ces rituels entourant la pratique du Sak Yant fascinent Maurice. Les Sak Yant sont une protection, un hommage à la manière de vivre des bouddhistes : « Chacun de mes voyages s’accompagne de plusieurs séances de tatouage. C’est toujours un moment magique. Se faire tatouer dans un monastère est une expérience tout simplement fabuleuse. » Cette spiritualité, Maurice l’affiche sur son visage. Les motifs sur ses joues représentent des Unalome, un symbole spirituel bouddhiste très fort. Les spirales signifient l’errance dans la vie et les obstacles rencontrés. En opposition, la ligne droite mène vers l’illumination : « C’est la lutte dans la vie qui se termine par l’harmonie finalement retrouvée. Cela représente parfaitement mon histoire. »

Un mode de vie

Se faire tatouer par des moines selon la tradition du Sak Yant n’est pas anodin. Il y a des règles à respecter : « On s’engage à ne pas tuer, à ne pas voler, à ne pas tromper, à ne pas s’intoxiquer (drogue et alcool) et à ne pas mentir. Ce sont les commandements de la pratique que je suis à la ligne. » Loin d’être une mode, le Sak Yant est un véritable mode de vie pour Maurice. Le tatouage est un symbole spirituel, il représente sa personnalité. Ce n’est pas une manière pour lui de s’affirmer ou d’embellir son corps. Les gens sont souvent surpris quand ils le croisent dans la rue. Mais ses tatouages sont particulièrement bien accueillis, surement parce qu’ils interpellent les curieux : « Quoi qu’il en soit je ne fais pas ça pour les autres, c’est seulement ma personnalité qui est retranscrite dans le tatouage, que ça plaise ou non. Au final je ne fais même pas attention au regard des autres. » Prochaine étape pour Maurice ? Continuer ses voyages spirituels vers la Thaïlande dès que les frontières rouvrent et terminer les projets en cours pour en commencer de nouveaux !

Suivez Maurice sur Instagram : @brimaurice

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